mercredi 19 janvier 2011

L'Irlande








 "C'est grâce à son voyage en Irlande en 1995 et ce qu'elle a pu sentir dans la vallée de Glendalough, que Birgit Yew s'est mise à arranger les airs traditionnels irlandais pour le violoncelle et plus tard elle y a glissé aussi sa voix..."


Extrait de la revue Violoncelle

 

 

VIOLONCELLE ET MUSIQUE CELTIQUE



 

Entretien avec BIRGIT YEW

Partant des airs traditionnels irlandais, écossais et bretons, en allant vers ses propres compositions, la violoncelliste Birgit Yew ouvre une voie originale à notre instrument. « Tantôt à l'archet qui devient souffle de la flûte, de la cornemuse, du didjeridou ou de la baleine, tantôt en pinçant les cordes de sa "harpe de violoncelle", la voix se glissant dans les accords du violoncelle, elle arrange ces musiques ancestrales d'une manière contemporaine, à la fois sensuelle et spirituelle... Une musique de voyage dans le pays du rêve éveillé, sur la trace des ancêtres de l'Europe, un hymne à la Nature, une musique du bien-être.» Ainsi se présente Dreams of Ireland, le dernier récital de cette musicienne avec qui nous avons bavardé un peu pour la présenter à nos lecteurs.


On dit que vous avez conservé de vos origines irlandaises « une aptitude à voyager entre ciel et terre, dans une recherche du merveilleux et du sacré ».
On m'appelle « l'Irlandaise », et j'ai en effet une ancêtre irlandaise, mais mes origines sont plus complexes, car j'ai aussi des ascendances danoises, polonaises et allemandes, et je suis un mélange slave, scandinave et celte. Mais ceci ne limite pas mon inspiration, et à la fin de mon spectacle, j'interprète une pièce qui ressemble à un air mongol. J'essaie de remonter dans le temps et de retrouver l'inspiration des ancêtres de nos ancêtres. Ceci n'a pas un caractère scientifique, puisque les archéologues ne disposent pas toujours des outils pour nous renseigner sur la phonétique des langues anciennes. Plutôt que de recréer, mon but est de créer. Ce qui était une grande découverte pour moi, c'est qu'en travaillant de manière personnelle sur une tradition précise, l'irlandaise, l'auditeur entend ressurgir les autres traditions du monde ! L'histoire du Tout dans l'Un.
Ceci dit, il est vrai que, dans les années 70, la découverte de groupes comme Boothy Band, Planxty et tout particulièrement la chanteuse Maddy Prior dans des café-théâtres m'a fascinée: ils m'ont fait découvrir ces fameuses « voix du nord » très linéaires, très droites, que j'essaie de reproduire avec mon violoncelle.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Violoncelle



Cette musique me parle en effet; elle correspond à quelque chose que j'avais au fond de moi. C'était un appât, et j'ai mordu à l'hameçon. Dans la musique classique, que j'ai toujours adorée, je suis plus sensible à ce qui parle au coeur qu'à la virtuosité. Pour moi, remonter le temps, c'est retrouver les époques où, liée aux cultes, au spirituel, à l'immatériel, la musique avait pour fonction d'exprimer un chant intérieur qui nous met en relation avec les choses qui dépassent notre raison.
Avez-vous exploré d'autres champs que celui de l'Irlande ?
J'ai récemment commencé à explorer celui de l'Ecosse. J'aime les sons alternativement gutturaux ou très doux du gaëlique, même si je ne comprends pas le sens de tous les mots que je chante. J'ai appris à les prononcer correctement, si bien que la langue devient une partition dans laquelle les paroles ne sont pas accessibles par la raison, ce qui développe un autre sens pour « capter » leur contenu !
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